El pasado 4 de abril, el papa Francisco, aceptó la renuncia al gobierno pastoral de la archidiócesis de Túnez, presentada por S.E. Mons. Ilario Antoniazzi y anunció a la vez el nombramiento como nuevo arzobispo de este territorio a Mons. Nicolas Lhernould, trasladándolo desde la sede de Constantina-Hippone (Argelia). El próximo 8 de junio tendrá lugar en la catedral de Túnez una celebración de acción de gracias a Mons. Antoniazzi y el inicio del ministerio episcopal del nuevo arzobispo.
Mons. Lhernould, aunque francés de nacimiento, ha desarrollado su vida pastoral como sacerdote en Túnez, hasta su ordenación episcopal para la sede argelina de Constantina-Hipona, en 2020. Mons. Antoniazzi, al dar la noticia de su relevo a los diocesanos tunecinos, se expresaba así: «Merci, cher Abouna Nicolas, «fils» de l’Église de Tunisie, pour avoir accepté de revenir parmi nous, pour nous accompagner et nous guider!».
Con motivo del inicio de su ministerio episcopal en Túnez, le hemos realizado la siguiente entrevista (original en francés y traducción al español):
Comment accueillez-vous cette nomination, après quatre années de ministère à Constantine et Hippone?
Il y a quatre ans, le pape François me demandait de quitter la Tunisie pour rejoindre Constantine. Il me demande aujourd’hui de traverser la frontière dans l’autre sens pour succéder à Mgr Antoniazzi comme archevêque de Tunis. Bien que cela en ait l’apparence, je ne le vis pas comme un retour, mais un nouveau départ. La Tunisie m’a enfanté comme prêtre, l’Algérie comme évêque. En Algérie, j’ai grandi. J’ai senti que s’élargissait pour moi l’espace de la tente (cf. Is 54,2), pour reprendre un thème cher au synode sur la synodalité, à mesure que j’ai été accueilli par le peuple et l’Eglise d’Algérie, desquels j’ai tant reçu. Il n’est jamais facile de partir. Dans la vie diocésaine, nous sommes formés à durer. C’est aussi dans ces moments-là que l’on mesure le poids des relations tissées, des amitiés nouées, de tout ce qu’on a vécu… ou qu’il y aurait encore à vivre. La Tunisie elle aussi a évolué. Même si j’y ai vécu de nombreuses années par le passé, il y a beaucoup à redécouvrir. Un petit pas après l’autre, dans la confiance en l’Esprit Saint qui fait toutes choses nouvelles (cf. Ap 21,5). Je quitterai l’Algérie à la fin du mois de mai. La cérémonie de passation et d’installation aura lieu à la cathédrale de Tunis le samedi 8 juin.
Quand je suis devenu évêque, j’ai choisi le mot «fiat» comme devise épiscopale. Une devise que je vais garder. Ce mot évoque la confiance de la Vierge Marie au jour de l’Annonciation («Qu’il me soit fait selon ta parole» – ‘Fiat’ – Lc 1,38), mais aussi celle de Jésus la veille de sa Passion («Père, que ta volonté soit faite» – ‘Fiat’ – Mt 26,42), ainsi que la création («Que la lumière soit» – ‘Fiat’ – Gn 1,3). Ces trois consentements embrassent toute l’histoire du monde et en appellent un quatrième : le nôtre. Je demande à Dieu de pouvoir continuer de le prononcer tous les jours avec confiance, dans les moments joyeux, lumineux, douloureux ou glorieux. Une chose m’y a beaucoup aidé ici : c’est de ne jamais avoir été regardé seulement comme la fonction qui m’a été confiée, mais d’abord comme un frère. C’est ce qu’éprouvait déjà saint Augustin en son temps : «Si ce que je suis pour vous m’épouvante, ce que je suis avec vous me rassure. Pour vous en effet, je suis l’évêque ; avec vous je suis chrétien. Évêque, c’est le titre d’une charge qu’on assume ; chrétien, c’est le nom de la grâce qu’on reçoit. Titre périlleux, nom salutaire» (Sermon 340,1).
Qu’avez-vous à cœur pour les fidèles en Tunisie et pour la société tunisienne en général?
En Tunisie, le nombre de chrétiens est environ dix fois plus élevé qu’en Algérie, pour une population quatre fois moins nombreuse. Une communauté très diverse par ses origines, qui vit l’interculturalité depuis trente ans. En Algérie, ce phénomène heureux est plus récent. Le plus grand nombre est une joie mais aussi un défi, pour que chacun puisse trouver sa place, quelle qu’elle soit, en particulier les enfants du pays. De ce point de vue, l’Eglise d’Algérie a fait beaucoup plus de chemin. J’ai été très impressionné par le nombre et la qualité des propositions de formation en Algérie. Une réalité que je trouve inspirante pour les communautés voisines. L’héritage de nos anciens est aussi très précieux : Augustin en Algérie, Cyprien en Tunisie, pour ne citer qu’eux. Il est très beau de voir leur rayonnement à des siècles de distance, témoins très actuels d’une part de l’histoire sainte de nos peuples. Ce qui domine en moi, c’est l’émerveillement devant ce qui me semble être la force de l’un et l’autre de nos deux peuples : la générosité impressionnante du peuple algérien et l’optimisme constant du peuple tunisien.
J’ai vécu avec le peuple tunisien la Révolution de Jasmin de 2011 et une part de ses suites. J’ai été témoin de ses aspirations, de son sang-froid, de sa résilience. Les défis restent importants aujourd’hui. J’ai confiance, comme je le disais, en cet optimisme que rien n’ébranle, même dans les situations délicates. Je souhaite prospérité et stabilité à une société qui en a soif et qui fait face à de nombreux défis, sur le plan social, économique, institutionnel. J’ai toujours eu la conviction que la diversité, dont l’Église est un des éléments, était une chance pour construire cet édifice, en apportant sa pierre à la place qui est la sienne. Nos Églises sont en ce sens citoyennes. Leur histoire n’est ni parallèle ni révolue, mais un élément de l’histoire sainte, de l’actualité et de l’avenir de nos peuples, dont elles partagent les espérances. Une conviction m’habite, devant les nombreux défis liés à la paix, à la stabilité économique et sociale, à la gouvernance, aux personnes en mouvement… «Le juste doit être humain» (Sg 12,19). Exigeante boussole que rappelle l’Écriture, qui m’invite au même souhait que formulait le pape François au début de son encyclique Fratelli tutti : «Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité» (n. 8).
De votre expérience en Algérie, et comme vice-président de la CERNA, quels sont de votre points de vue les chances et les défis de l’Eglise d’Afrique du Nord, sur cette rive sud de la Méditerranée?
Ce qui me marque le plus dans nos pays, ce ne sont pas les événements qui sortent de l’ordinaire, même s’il y en a beaucoup, mais les petits événements de la vie quotidienne, souvent discrets, qui sont comme autant de perles sur le fil de la vie, où tout prend d’autant plus goût que l’on s’attache à y retrouver la Présence invisible de celui qui nous fait vivre. Portés par la spiritualité de l’incarnation et l’expérience de grandes figures comme Charles de Foucauld, nous sommes attentifs à essayer de vivre ce quotidien de qualité. «Habiter», «demeurer», «goûter» : tels sont à mon sens les trois appels premiers de notre vie en Afrique du Nord. «Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur», dit le psaume 33 : retrouver cette bonté dans le visage et dans l’ordinaire de la vie de chacun, y être attentif, la mettre en valeur, la cultiver, la célébrer, la seconder… Quand on mange rapidement, on se nourrit, mais sans apprécier toute la valeur des aliments. Certaines saveurs ne s’exhalent qu’en mastiquant patiemment ce qu’on porte à la bouche, en laissant le temps à tous les parfums de se révéler. Il en va des rencontres et des événements comme des aliments : c’est en les vivant et en les habitant pleinement, patiemment, que l’on accède à la saveur profonde de ce qu’ils sous-tendent : une part du mystère lumineux de la vie de chacun… et aussi de la nôtre.
Nos Églises sont petites, humbles, fragiles, «dans la mangeoire», comme aime le dire Mgr Desfarges, archevêque émérite d’Alger. En Afrique du Nord, d’année en année, je comprend mieux que la catholicité de l’Eglise n’est pas d’abord une question d’extension mais de mission, comme le disait le grand théologien Henri de Lubac : celle d’avoir conscience, en Dieu qui nous précède en toute culture, d’avoir reçu de lui en partage la responsabilité du salut du genre humain dans son entier. Simplement parce que telle est la mission de Jésus et que nous en sommes les serviteurs, en essayant d’aimer comme lui-même a aimé. Il s’agit là d’un thème très méditerranéen, porté en particulier par le Cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille. Les Rencontres Méditerranéennes de septembre 2023 en ont été un signe fort. Je crois aussi que nous sommes appelés à vivre d’une manière prioritaire et exigeante ce que Jésus dit dans l’Evangile : «A l’amour que vous aurez les uns pour les autres, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples» (Jn 13,35). Quand on est pauvre de tout, avec peu de monde, peu d’œuvres, peu de moyens, on expérimente cela de manière encore plus forte. Je crois que c’est un des aspects les plus importants du témoignage missionnaire que notre petite Église du Nord de l’Afrique peut et doit donner à l’Eglise universelle et au monde.
¿Cómo acoge este nombramiento, tras cuatro años de ministerio en Constantina e Hipona?
Hace cuatro años, el Papa Francisco me pidió que dejara Túnez para ir a Constantina. Ahora me pide que cruce la frontera en la otra dirección para suceder a monseñor Antoniazzi como arzobispo de Túnez. Aunque lo parezca, no lo veo como un regreso, sino más bien como un nuevo comienzo. Túnez me vio nacer como sacerdote, Argelia como obispo. Crecí en Argelia. Sentí que el espacio de la tienda se ensanchaba para mí (cf. Is 54,2), para retomar un tema querido por el sínodo sobre la sinodalidad, al ser acogido por el pueblo y la Iglesia de Argelia, de los que tanto he recibido. Partir nunca es fácil. En la vida diocesana, estamos formados para durar. Es también en estos momentos cuando medimos el peso de las relaciones que hemos construido, de las amistades que hemos hecho, de todo lo que hemos vivido… o que nos queda por vivir. Túnez también ha cambiado. Aunque viví allí muchos años en el pasado, hay mucho por redescubrir. Un pequeño paso cada vez, confiando en el Espíritu Santo que hace nuevas todas las cosas (cf. Ap 21,5). Dejaré Argelia a finales de mayo. La ceremonia del relevo y el inicio del ministerio episcopal tendrá lugar en la catedral de Túnez el sábado 8 de junio.
Cuando me convertí en obispo, elegí la palabra «fiat» como lema episcopal. Es un lema que voy a mantener. Esta palabra evoca la confianza de la Virgen María el día de la Anunciación («Hágase en mí según tu palabra» – ‘Fiat’ – Lc 1,38), pero también la de Jesús la víspera de su Pasión («Padre, hágase tu voluntad» – ‘Fiat’ – Mt 26,42), así como la creación («Hágase la luz» – ‘Fiat’ – Gn 1,3). Estos tres “síes” abarcan toda la historia del mundo y reclaman un cuarto: el nuestro. Pido a Dios que me permita seguir pronunciándolo cada día con confianza, en los momentos de alegría, de luz, de dolor o de gloria. Una cosa me ha ayudado mucho en esto: el hecho de que nunca se me ha visto sólo en función del cargo que se me ha encomendado, sino ante todo como hermano. Es lo que ya sintió San Agustín en su tiempo: «Si lo que soy para vosotros me asusta, lo que soy con vosotros me tranquiliza. Para vosotros soy obispo; con vosotros soy cristiano. Obispo es el título del cargo que ocupas; cristiano es el nombre de la gracia que recibes. Título peligroso, nombre saludable» (Sermón 340,1).
¿Qué desea para los fieles de Túnez y para la sociedad tunecina en general?
En Túnez, el número de cristianos es unas diez veces superior al de Argelia, para una población cuatro veces menor. La comunidad es muy diversa en sus orígenes, y vive interculturalmente desde hace treinta años. En Argelia, este feliz fenómeno es más reciente. Contar con un mayor número posible de personas es una alegría, pero también un reto, para que cada uno encuentre su lugar, sea cual sea, especialmente los niños del país. Desde este punto de vista, la Iglesia en Argelia ha recorrido un largo camino. Me impresionó mucho el número y la calidad de las oportunidades de formación en Argelia. Me parece inspirador para las comunidades vecinas. La herencia de nuestros mayores es también muy valiosa: Agustín en Argelia, Cipriano en Túnez, por citar sólo algunos. Es maravilloso ver su influencia a siglos de distancia, como testigos muy contemporáneos de una parte de la historia sagrada de nuestros pueblos. Lo que más me llama la atención es el asombro ante lo que me parece la fuerza de nuestros dos pueblos: la impresionante generosidad del pueblo argelino y el optimismo constante del pueblo tunecino.
Viví la Revolución de los Jazmines de 2011 y parte de sus secuelas con el pueblo tunecino. Fui testigo de sus aspiraciones, su entereza y su resistencia. Los retos siguen siendo grandes hoy en día. Confío, como he dicho, en este optimismo que nada puede hacer tambalear, incluso en situaciones difíciles. Deseo prosperidad y estabilidad a una sociedad sedienta de ellas y que se enfrenta a numerosos retos sociales, económicos e institucionales. Siempre he estado convencido de que la diversidad, de la que la Iglesia forma parte, es una oportunidad para construir este edificio, aportando su propia contribución por derecho propio. En este sentido, nuestras Iglesias son ciudadanas. Su historia no es paralela ni cosa del pasado, sino parte de la historia sagrada, del presente y del futuro de nuestros pueblos, cuyas esperanzas comparten. Frente a los numerosos desafíos relacionados con la paz, la estabilidad económica y social, la gobernanza y las personas en movimiento, me mueve una convicción: «El justo debe ser humano» (Sab 12,19). Esta es la brújula exigente que recuerda la Escritura, invitándome al mismo deseo que el Papa Francisco formuló al comienzo de su encíclica Fratelli tutti: «Espero que en estos tiempos que vivimos, reconociendo la dignidad de toda persona humana, podamos todos juntos reavivar un deseo universal de humanidad» (n. 8).
Desde su experiencia en Argelia, y como vicepresidente del CERNA, ¿qué oportunidades y retos ve para la Iglesia en el norte de África, en esta orilla sur del Mediterráneo?
Lo que más me llama la atención en nuestros países no son los acontecimientos extraordinarios, aunque haya muchos, sino los pequeños acontecimientos de la vida cotidiana, a menudo discretos, que son como tantas perlas en el hilo de la vida, donde todo adquiere más sabor cuando nos esforzamos por redescubrir la Presencia invisible de Aquel que nos sostiene. Animados por la espiritualidad de la encarnación y la experiencia de grandes figuras como Charles de Foucauld, estamos atentos para intentar vivir esta cotidianidad de calidad. «Habitar», «permanecer», «gustar»: éstas son, en mi opinión, las tres llamadas primordiales de nuestra vida en África del Norte. El salmo 33 dice: «Gustad y ved qué bueno es el Señor»: encontrar esta bondad en el rostro y en la vida ordinaria de cada persona, estar atentos a ella, subrayarla, cultivarla, celebrarla, apoyarla… Cuando comemos deprisa, nos alimentamos, pero sin apreciar todo el valor de los alimentos. Algunos sabores sólo pueden liberarse masticando pacientemente lo que nos llevamos a la boca, dejando tiempo para que se revelen todos los aromas. Lo mismo ocurre con los encuentros y los acontecimientos que con la comida: es viviéndolos plenamente, con paciencia, como accedemos al sabor profundo de lo que subyace en ellos: parte del misterio luminoso de la vida de todos… y también de la nuestra.
Nuestras Iglesias son pequeñas, humildes, frágiles, «en el pesebre», como le gusta decir a Mons. Desfarges, arzobispo emérito de Argel. En el Norte de África, año tras año, comprendo mejor que la catolicidad de la Iglesia no es en primer lugar una cuestión de extensión, sino de misión, como decía el gran teólogo Henri de Lubac: la de ser conscientes, en Dios que nos precede en todas las culturas, de haber recibido de él, por participación, la responsabilidad de la salvación de todo el género humano. Sencillamente porque ésta es la misión de Jesús y nosotros somos sus servidores, tratando de amar como Él mismo amó. Se trata de un tema muy mediterráneo, apoyado en particular por el cardenal Jean-Marc Aveline, arzobispo de Marsella. Los Encuentros Mediterráneos de septiembre de 2023 fueron un fuerte signo de ello. Creo también que estamos llamados a vivir de forma prioritaria y exigente lo que dice Jesús en el Evangelio: «Por el amor que os tengáis unos a otros, todos sabrán que sois mis discípulos» (Jn 13,35). Cuando se es pobre en todos los sentidos, con pocas personas, pocas obras y pocos recursos, se experimenta esto con más fuerza aún. Creo que éste es uno de los aspectos más importantes del testimonio misionero que nuestra pequeña Iglesia del Norte de África puede y debe dar a la Iglesia universal y al mundo.