Chers jeunes, qui venez de tout l’Archidiocèse, vous êtes réunis dans «El Hogar Lerchundi» à Tanger pour vivre les JournéesMondiales de la Jeunesse 2023. Je comprends très bien votre désir d’être présents à Lisbonne pour partager le don et la joie de la foi avec les milliers de jeunes catholiques qui, du monde entier, se sont réunis dans la capitale portugaise, pour répondre à l’appel du Pape François. Nous sommes bien conscients qu’il n’a pas été possible pour vous de voyager jusque-là, mais cela n’enlève rien à la joie de partager votre foi, ni au désir de passer quelques jours de vie intense ensemble, tout en sachant que nous sommes en profonde communion avec ceux de Lisbonne qui, comme nous, célèbrent la joie de marcher sur les traces de Jésus-Christ, seul Maître, Chemin, Vérité et Vie.
Dans son Message pour ces Journées Mondiales de la Jeunesse, le Pape François présente Marie, la Vierge, comme un modèle dans sa réponse aux paroles de l’Ange Gabriel à l’Annonciation : Elle «s’est levée et s’est mise en route sans tarder». Après avoir accepté l’annonce de son élection comme Mère du Sauveur, Marie aurait pu rester à Nazareth, méditant sur ce que l’ange lui avait communiqué de la part de Dieu, mais non. Celle-ci, consciente de la situation de sa parente Elisabeth – âgée et enceinte de six mois –, «s’est mise en routesans tarder». Elle a mis ses soucis et ses peurs de côté et, confiante en Dieu, elle s’est mise en route, afin d’être présente là où on avait besoin d’elle.
Marie, la Mère du Seigneur, devient ainsi un modèle pour tous les croyants, mais d’une manière toute particulière, un modèle à vous les jeunes; vous qui sentez votre cœur déborder d’espérance et de rêves et qui voyez vos projets devant vous comme un appel constant à vous mettre en chemin.
Que vous soyez ici, à Tanger, unis par une foi, une espérance et une charité communes aux milliers de jeunes qui commencent les JMJ à Lisbonne est un signe visible de votre désir d’être des jeunes prêts à «partir sans tarder».
Comme nous le rappelle le Pape, «Marie s’est laissé interpeller par les besoins de sa cousine âgée. Elle n’a pas reculé, elle n’est pas restée indifférente. Elle pensait plus aux autres qu’à elle-même. C’est ce qui a donné du dynamisme et de l’enthousiasme à sa vie». L’attitude de Marie est un encouragement et un exemple pour chacun des chrétiens, mais d’une manière toute particulière pour vous, les jeunes, qui, pleins de joie, avez quitté la sécurité de votre vie quotidienne pour «partir» et éprouver la joie de partager avec d’autres jeunes qu’ «il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ».
Au début de ces JMJ, il est bon que vous réfléchissiez à certaines questions que le Pape François vous adresse dans son Message : «Comment est-ce que je réagis aux besoins que je vois autour de moi ? est-ce que je cherche immédiatement à me justifier pour me retirer ou est-ce que je m’intéresse à ces besoins et je me mets à disposition» ? Parfois, nous pouvons nous sentir dépassés par les grands problèmes et les drames qui affligent l’humanité et tomber dans la tentation de penser que puisque nous ne pouvons pas les résoudre, il vaut mieux s’éloigner.
La Vierge Marie au contraire nous enseigne à nous rendre présents à l’autre dans la vie quotidienne, à offrir une parole et un geste qui aident à résoudre les problèmes et les difficultés qui affectent ceux qui sont à nos côtés. Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais ce que chacun de vous laisse inachevé restera inachevé pour l’éternité. À cet égard, le Pape François rappelle une anecdote bien connue de Mère Teresa de Calcutta à qui, une fois, on lui a dit : «ce que vous faites n’est qu’une goutte dans l’océan. » Et elle a répondu : « C’est vrai, mais si je ne le faisais pas, l’océan aurait une goutte de moins».
Chers jeunes, dans cette terre du Maroc qui nous accueille, au milieu des difficultés personnelles que chacun de vous doit affronter dans son «quotidien», Dieu vient à votre rencontre pour vous inviter à «partir», à sortir de votre sécurité et regarder ceux qui vous entourent, découvrir les besoins des autres et être prêts à vous rendre présents par une parole, un geste, une attitude, porteurs de vie et d’espérance. En fin de compte, il ne s’agit pas d’offrir quelque chose que vous n’avez pas déjà reçu généreusement : Il vous est demandé de partager avec les autres la Bonne Nouvelle de l’amour infini de Dieu, manifesté en Jésus-Christ.
Comme nous le rappellent la vie et les paroles de saint Charles de Foucauld, l’icône de la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth estpour l’Église en pèlerinage en Afrique du Nord une inspiration profonde pour notre vie et notre mission. Il convient de le garder à l’esprit car Jésus – comme nous le rappelle le Pape –, est «la réponse de Dieu aux défis de l’humanité de chaque époque. C’est cette réponse que Marie portait en elle lorsqu’elle est allée rencontrer Elisabeth : le plus grand cadeau de Marie à sa parente âgée a été de l’amener à Jésus».
Chers jeunes Vous aussi avez Jésus en vous. Par le baptême vous avez été unis à Lui d’une manière indestructible ; chacun de vous est un temple dans lequel le Saint-Esprit habite. Comme Marie, qui était jeune comme vous, si souvent sans paroles, mais toujours avec des gestes chargés d’un amour sincère pour les autres, vous êtes appelés à «partir sans tarder» pour partager avec eux votre plus grande richesse: Jésus.
Je conclus par les mêmes mots avec lesquels le Pape François termine son Message pour cette Journée Mondiale de la Jeunesse : «Je rêve qu’aux JMJ vous se renouvelle la joie de la rencontre avec Dieu et avec vos frères et sœurs… Le moment de se lever c’est maintenant ! ! Levons-nous sans tarder ! Et, comme Marie, portons Jésus en nous pour le communiquer à tous. Dans ce beau moment de votre vie, allez de l’avant, ne remettez pas à plus tard ce que l’Esprit peut faire en vous».
Je vous souhaite de tout cœur une Journée Mondiale de la Jeunesse vécue en profonde communion avec le Pape François et avec les milliers de jeunes réunis à Lisbonne ; que ces jours soient des jours où l’expérience de la vie partagée fasse grandir en chacun de vous ce que saint François d’Assise – alors qu’il avait la vingtaine seulement –, demandait avec insistance dans la prière : «Une foi droite, une espérance sûre et une charité parfaite».
+ Fr. Emilio Rocha Grande, OFM
Archevêque de Tanger